mardi 11 août 2009

Monographie du village de KParatao

2.1.5. – Les aspects économiques du village
Les activités économiques pratiquées par les villageois sont l’agriculture, l’élevage, la pêche et le commerce. De toutes ces activités, seuls l’agriculture et le commerce sont véritablement pratiqués.

• L’agriculture
C’est la première activité. Elle est majoritairement pratiquée par les hommes qui représentent 48% de la population. C’est une activité traditionnelle qui bénéficie des conditions moyennement favorables de la localité. Le relief limite peu la production agricole et le climat est favorable. Bien que les sols soient de faible qualité, le paysan parvient à faire la culture du maïs, du riz, du manioc, de l’igname, du haricot et de l’arachide. Le système de production étant une agriculture de subsistance, le paysan se préoccupe des cultures vivrières au dépens des cultures de rente pour lesquelles il semble développer une aversion.
Pour ce fait, le coton, largement cultivé dans d’autres villages, l’est très peu à Kparatao. Notons aussi que l’arachide est une culture commerciale.

• Les petits commerces
Le secteur des petits commerces est détenu par les femmes qui représentent 52% de la population. Au marché du village (Atalata), marché de tous les mardi, on trouve des produits agricoles, des textiles, des pièces de toutes sortes et des outils agricoles.

• L’élevage, la pêche et les services
L’élevage est une activité de moins en moins pratiquée. Longtemps resté l’apanage des peuls, l’élevage connaît aujourd’hui un déclin avec la conversion de ces derniers en agriculteurs. L’activité pastorale cède maintenant le pas à l’activité agricole avec la sédentarisation des éleveurs dans les fermes. L’élevage n’est plus qu’une activité domestique. En effet, on élève la volaille, les chèvres, les moutons…. Cependant dans les fermes, il se pratique irrésistiblement l’élevage des bœufs.
Quant à la pêche, elle se pratique occasionnellement dans les rivières du village.
Le secteur des services est représenté par des ateliers de forge, de couture, de menuiserie, de mécanique. On peut aussi solliciter les services du meunier, de maçon, du cordonnier, du coiffeur et du guérisseur.

• Les infrastructures

Kparatao bénéficie d’un éclairage électrique et de trois forages. Il dispose d’un dispensaire, d’un laboratoire médical, d’une pharmacie villageoise, de deux écoles primaires et d’un collège d’enseignement général.

• Les organisations villageoises

Dans le souci de bien gérer les affaires relevant du développement du village un comité villageois du développement a été mis sur pied. Il existe à Lomé une amicale des ressortissants du village qui réfléchit et cherche des solutions aux problèmes du village.
Par ailleurs, en 1998 un groupement de femmes faisant la culture maraîchère a vu le jour. Mais il fut sans lendemain.
A l’heure actuelle, il existe des opportunités de crédit offertes par les ONG aux femmes commerçantes dont les tentatives de mobilisation au sein d’une coopérative se heurtent à des difficultés énormes.

Fin de la monographie du village de Kparatao; texte extrait du mémoire de OURO-BANG'NA Wahab

Monographie du village de KParatao

2.1.4. – Le milieu humain

· Quelques données démographiques

Selon un dénombrement effectué par la Direction des statistiques en 1996, la population de Kparatao avec ses fermes était de 3.678 soit une augmentation de 441 habitants par rapport aux données du recensement de 1970 (3.237)

Néanmoins, la somme des effectifs des 4 quartiers à savoir : Ouro-Gnaoudé, Ouro-Moumounidé, Ouro-Bouraïmadé et Telloudé donne 3.142, chiffre correspondant à la population de Kparatao – sans ses fermes – en 1996.

La répartition spatiale de la population n’a pas beaucoup changée depuis 1981.La densité nette est de 49 habitants au Km². L’habitat est, en général, dispersé avec une tendance à la polarisation sur l’axe routier. Les fermes sont plus ou moins éloignées de la grande entité c’est-à-dire le premier site d’habitation.

· Le peuplement

Kparatao est un village Tem fondé, comme il a été dit plus haut, par un clan molah autour de la deuxième moitié du XVIIIè siècle. Les habitants de Kparatao sont donc appelés les Tems et parlent une langue soudano-sahélienne de type Gour .

En dehors des Tems, communément appelés Kotokoli, on y trouve d’autres groupes ethniques tels les kabyès, les Nawoudiba, Ewé et les Peuhls. Tous ces groupes sont représentés de façon minoritaire.

En somme, les Tems, seul groupe répondant au critère d’autochtonie cohabitent avec les kabyès, les Nawoudiba et les Ewé qui sont pour la plupart des immigrants pour des raisons économiques ou administratives. Quant aux peuhls, plus nombreux que les autres groupes étrangers, ils vivent isolés dans des fermes où ils pratiquent plus l’élevage que l’agriculture.

· Les données socioculturelles.

La communauté villageoise de Kparatao est une société ethnique ou à chefferie. Elle est hiérarchisée et organisée en clans. Chaque individu se distingue et s’identifie à son groupe classique. Les individus peuvent alors soit se réclamer du clan Molah, ou du clan Darou, Nawo, Koli, Touré, Traoré ou Mindè.

Les rôles sociaux sont attribués en fonction de l’appartenance clanique des individus. En effet, les Molahs, seul clan satisfaisant aux conditions d’autochtonie, détiennent le pouvoir directionnel. De ce fait ils sont à la tête de la hiérarchie sociale. Les autres clans, désignés sous le vocable d’‘’Agodjassi’’ disposent des fonctions spécifiques. Les Daro sont chargés d’élire et de surveiller la succession des Molahs au trône tandis que les Nawo ont pour fonction d’organiser la sépulture des chefs en cas de décès. Alors que les Koli se présentent comme des chefs-protocole, les Traoré, Mindè et Touré, grands vecteurs de l’Islam, se recrutent comme des chefs religieux et des alphabétiseurs coraniques.

Les habitants de Kparatao sont majoritairement musulmans. Cependant, leur attachement à l’Islam ne les empêche outre mesure de recourir à des pratiques d’aspects animistes. Cela est significatif de leur attachement à des valeurs caractéristiques de leur tradition. Ils ont, par conséquent, des lieux sacrificiels où ils font des cérémonies aux ancêtres ou aux mannes. Ce sont principalement les rivières et les carrefours. Et c’est au beau milieu du village et devant le gigantesque vestibule de la concession des chefs, que se dresse, depuis le règne du chef Anyoro, le fétiche le plus vénéré du village appelé ‘’Kangara’’.

A Kparatao, on distingue des fêtes traditionnelles et des fêtes musulmanes. Gadao et Adossa sont des manifestations traditionnelles alors que Rahmadan, Tabaski et Mawouloud constituent les fêtes musulmanes.

Gorogoro, Takaï, Goumbè, Lawa, Foyissi (flûte) et Kagbanga (danse des chasseurs) sont autant de termes qui désignent à la fois les différents types de danses et de rythmes impliquant l’utilisation d’instruments spécifiques et variés.

Voilà les aspects humains, socio-culturels qui caractérisent le village de Kparatao. Mais l’homme n’est pas seulement un être social. Il est aussi un ‘‘homo-oeconomicus’’ et c’est à juste titre qu’on le considère comme étant un agent du développement.