mercredi 7 mai 2008

Monographie de Kparatao

2.1.2. – Histoire de Kparatao

Kparatao tire ses origines de Nondjoma, village situé au bord d’un cours d’eau du Mono appelé Nan. Nandjoma signifie ceux qui habitent à proximité de Nan.

Nandjoma fut donc le premier site des habitants de Kparatao qui seraient, selon une source locale, venus de la Haute Volta et auraient fait une escale à Tabalo. Nandjoma était donc l’un des six (06) villages créés par le clan molah. Il était pris en tenaille par le Nan et Agueyo, un petit cours d’eau de Nan.

Tout porte à croire que cette situation géographique favorable avait permis l’existence matérielle des ancêtres jusqu’au moment où les habitants ne quittent l’endroit.

En effet, trois versions locales expliquent le départ des habitants. Selon une des versions, un habitant de Nandjoma aurait offensé les génies de la rivière Nan en attrapant et en consommant un poisson-génie appelé ‘‘Comè’’. C’est suite à cet événement que les habitants de ce village auraient reçu des menaces mystérieuses de guerre. Ils décidèrent alors de fonder un nouveau village ailleurs pour échapper à la vengeance des génies.

Cependant une autre version fait comprendre, que c’est en cherchant les termitières pour nourrir sa volaille que Jery FAMA, le futur fondateur de Kparatao, se rendit compte que le nouvel endroit était propice à une vie paisible.

Une troisième version rapporte que c’est sous l’impulsion d’un marabout d’origine ethnique Djougou[1] que les villageois de Nandjoma auraient quitté Nandjoma pour fonder Kparatao (à 500m environ de l’ancien site) Ainsi les Djougou auraient visité plusieurs fois le nouvel endroit. Ils ont dès lors pris l’habitude de désigner cet endroit dans leur langue en disant ‘‘Kparatago’’ pour signifier ‘’le nouveau village’’. C’est Kparatago qui est devenu par une mauvaise appréciation phonétique Kparatao.

Kparatao est une construction politique ancienne. Il est difficile de déterminer avec précision l’année à laquelle il fut fondé.

Cependant Jean-Claude Barbier et Bernard Klein ont estimé que 1785 est l’année qui marque le début de la construction politique de Kparatao en comptant - peut être arbitrairement – 20 ans pour les chefferies non datées. Le premier chef de Kparatao étant aussi son fondateur, il ne serait pas trop erroné de situer la création du village de Kparatao dans la deuxième moitié du XVIIIè siècle[2]

L’histoire de Kparatao est essentiellement caractérisée par le rôle politique qu’il a joué au sein du royaume de Tchaoudjo.

En effet, sept villages molah avaient accès au commandement de la chefferie supérieure. Il s’agissait de Kpangalam, Tchavadi, Kadambara, Komah, Birini, Yélivo et Kparatao. Ces villages devraient donc prendre, à tour de rôle, la direction de l’instance suprême de la communauté Tem. Ainsi avant le tour de Kparatao, cinq villages ont régné. Il s’agissait de Kpangalam, Tchavadi, Kadambara, Komah et Birini. Pendant ce moment, ont régné successivement à Kparatao Djéri Fahma, Ouro Gnaou, Kporigbo, Kavalo et Ifa.

Peu avant l’arrivée des Allemands au Togo, à la mort du Chef Koura de Birini, Djobo Boukari (Sémo) fils de Djéri Fahma et demi frère de l’imam Abdulaï Apu de Didaouré, prend la chefferie suprême de Tchaoudjo pour le compte de Kparatao et devient le 6ème chef supérieur de Tchaoudjo.

Aidé par les mercenaires Djerma descendus de la boucle du Niger à la fin du XIXè siècle, Djobo Boukari mit sur pied une puissante cavalerie appelée SEMASSI (pluriel de Sémo qui vient de Kissemo qui signifie « le rouge »). Il prit le devant de sa cavalerie et livra selon J-C. Barbier et Bernard Klein, une bataille contre Banté à la demande de Pira en mai 1893 contre les villages anyanga accusés d’attaquer les commerçants de passage à Kparatao.

Cette cavalerie accompagna Von Zech contre Bulohu en mars 1896, puis le Dr Kersting en pays Kabyè en janvier 1898. Lorsque Wolf visita Kparatao en 1898, Djobo Boukari jouissait d’une autorité incontestable. Djobo Boukari mourut le 22 avril 1898.

Après lui, Tcha Djobo de la famille Ouro Nyao pris les rênes du pouvoir en juin 1898 en tant que 7ème chef supérieur. Ceci marque la confiscation et la monopolisation de la chefferie suprême par Kparatao jusqu’en 1948. Tcha Djobo fut destitué en 1901.

Avant la normalisation du mode de succession, trois chefs de Kparatao ont régné successivement en tant que 8ème, 9ème et 10ème chefs supérieurs des Tems.

Ce sont :

- Djobo Tcha Godemou de la famille Tcha Godemou (1901 – octobre 1906)

- Djobo Bouraïma de la famille Gbèlè-Géwé (déc.1906 – 6 sept.1924)

- Anyoro Tcha – Godemou de la famille Tcha Godemou (8Nov. 1924 – 2 Mai 1948)

Anyoro fut intronisé par les Daro de Tchalo sous la pression des Français. A la mort d’Anyoro, la chefferie supérieure passa à Komah, laissant aux futurs chefs de Kparatao une autorité et un pouvoir à la limite du village.

Ainsi, Ouro Agouda-Moumouni sera intronisé en 1948 en tant que Chef du village de Kparatao. OURO-BANG’NA Essotamata, reconnu sous le nom d’El Hadj Idrissou, lui succédera deux ans après sa mort en 1961. Ce dernier régna pendant 27 ans, de 1963 – 1990. C’est sans doute le règne le plus long.

Telle est l’histoire de Kparatao, village dont le milieu physique sera décrit dans les lignes suivantes.



[1] J-C Barbier parle de l’ethnie Dendi dans Sokodé, ville multrocentrée du Nord du Togo, ORSTOM, Paris, 1995 p. 32

[2] Idem, Note 5. P 23

samedi 3 mai 2008

Monographie du village de Kparatao


2.1.1 Situation géographique
Le village de Kparatao se localise au Nord-Est de la préfecture de Tchaoudjo, dans la région centrale du Togo. Il est précisément situé à 8Km de la ville de Sokodé sur l’axe routier Sokodé – Tchamba. C’est un village limité au sud par le territoire des villages Birini- Dubuidé, au Nord par Wassaradè, à l’Ouest par les villages Birini-Dubuidè et à l’Est par Yalivo. Il compte huit fermes telles Koya, Agouma Lawou, Bonangâna, Atérim, Boukari Bogodé, Djébougou, Samaï et Lawouyo.
Le rapport de l’effectif total de sa population en 1996 et sa densité brute permet d’estimer sa superficie à 74km² environ.
Kparatao est, par ailleurs, l’un des villages ayant donné leur nom au canton dont ils font partie. Cela est un fait découlant de son histoire.

Extrait du mémoire de Ouro-Bang'na Wahab